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The Holiday : quand Noël révèle deux visages de l’Amérique

L’approche de Noël réactive chez moi le besoin de ralentir. Chaque année, j’aime prendre un moment avec les enfants pour regarder un film de saison. C’est devenu une petite tradition familiale. Pourtant, j’ai découvert The Holiday seul, il y a quelques années, un soir d’hiver. Je ne savais pas encore que cette comédie romantique de Nancy Meyers deviendrait l’un de mes rendez-vous annuels. L’année dernière, je l’ai montré à ma femme pour la première fois. Et c’est peut-être à ce moment-là que j’ai compris à quel point le film raconte quelque chose d’essentiel sur l’Amérique des années 2000.

La semaine dernière, j’ai publié un premier article consacré à Serendipity, un autre film cher à mon cœur. En m’y replongeant, je me suis rendu compte combien ces films de Noël sont de véritables fenêtres ouvertes sur les États-Unis, sur leurs villes, leurs époques et leurs obsessions du moment. Et The Holiday en est une nouvelle preuve éclatante.

The Holiday : un film de Noël pas tout à fait comme les autres

Sorti en 2006, The Holiday arrive à un moment de bascule pour les États-Unis. L’ombre du début de la décennie plane encore sur la société : l’après-11 septembre, l’hyperproductivité du monde du travail, la recherche de sens dans un quotidien de plus en plus rapide. C’est dans ce contexte qu’Amanda, magnifiquement incarnée par Cameron Diaz, mène sa vie dans une maison californienne immense, lumineuse, presque trop parfaite pour être vraie. Tout y respire la réussite : grandes baies vitrées, technologie omniprésente, confort absolu. C’est l’Amérique des classes supérieures telle qu’on la fantasmait encore au milieu des années 2000.

Symétriquement, le cottage d’Iris (Kate Winslet) en Angleterre apparaît comme un refuge hors du temps, presque un antidote aux excès américains. Le contraste est volontaire : deux maisons, deux cultures, deux visions du bonheur. Et ce simple échange de maisons suffit à révéler tout ce que le film cherche à dire sur les modes de vie transatlantiques.

© Miramax / Nancy Meyers – The Holiday (2006) – Tous droits réservés
© Miramax / Nancy Meyers – The Holiday (2006) – Tous droits réservés

La Californie : le rêve américain version 2000

À travers Amanda, The Holiday montre une facette très précise de l’Amérique : une société obsédée par la réussite professionnelle, le confort matériel et l’indépendance personnelle. Les États-Unis se projettent souvent comme un pays où l’on peut tout accomplir, mais dans la vie d’Amanda, cette liberté a un prix silencieux : la solitude. Sa maison, si impressionnante soit-elle, manque de chaleur. Elle ressemble davantage à un décor qu’à un foyer.

Dans les années 2000, cette représentation était encore assez nouvelle au cinéma. L’époque mettait volontiers en avant des personnages qui semblaient tout avoir, mais qui n’avaient personne. On retrouve dans ce film une histoire dramatique : une vie confortable, connectée, protégée, mais qui isole. Ce que Nancy Meyers semble mettre en exergue, c’est que le rêve américain n’est plus un rêve partagé, mais une réussite individuelle parfois vide de sens.

L’Amérique, les fêtes et la nécessité de ralentir

Ce qui rend The Holiday si attachant, c’est le rapport qu’il entretient avec Noël. Ici, la fête n’est pas un prétexte “décoratif”, mais un temps de pause, pour respirer. Les États-Unis vivent Noël de manière spectaculaire : lumières, musique, excès. Ce film n’en abuse pas. Au contraire, il montre ce moment comme une parenthèse permettant de revoir ses priorités. Loin des décorations tape-à-l’œil que l’on a l’habitude de voir dans les films de Noël, on vit ici un Noël plus personnel, intime.

Et c’est ce qui rend le film universel. Derrière ses deux histoires d’amour, The Holiday propose une réflexion douce sur la nécessité de se reconnecter aux autres, mais aussi à soi-même. Un thème très américain, finalement, tant le pays oscille sans cesse entre ambition et besoin de ralentir.

© Miramax / Nancy Meyers – The Holiday (2006) – Tous droits réservés
© Miramax / Nancy Meyers – The Holiday (2006) – Tous droits réservés

The Holiday et ce qu’il dit encore de l’Amérique aujourd’hui

J’ai repensé à tout cela lors de mon dernier voyage à New York fin octobre / début novembre. Dans la rue, je croisais sans cesse des passants absorbés par leur smartphone, AirPods vissés dans les oreilles, presque hermétiques au brouhaha de la ville. L’Amérique d’aujourd’hui est en mouvement permanent, hyperconnectée, happée par ses écrans. Et je me suis surpris à revoir mentalement Amanda, avec sa vie parfaitement contrôlée mais privée de spontanéité. The Holiday, avec ses paysages californiens baignés de lumière et son petit cottage anglais enseveli sous la neige, parle au fond d’une chose simple : l’importance de ne pas se laisser engloutir par la vitesse du monde.

C’est peut-être pour cela que je revois ce film régulièrement. C’est aussi pour cela que je souhaitais écrire un article sur le sujet après mon article sur Serendipity. Ces films rappellent que Noël peut être vu comme un moment à part. Une sorte d’invitation à lever les yeux, à respirer, à se reconnecter. Une manière de retrouver ce que l’on perd parfois de vue sans s’en rendre compte. Et dans une Amérique qui va toujours plus vite, cette douceur-là vaut toutes les décorations du monde.