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Serendipity : un film de Noël et un peu de hasard dans le New York des années 2000

À l’approche de Noël, j’aime prendre un peu de temps le dimanche pour regarder un film avec mes filles. C’est devenu un petit rituel, une parenthèse douce avant la semaine. Mais cette année, j’ai voulu un moment rien qu’à moi. Un film que j’apprécie tout particulièrement mais qui n’est pas encore vraiment de leur âge. Alors je me suis replongé dans Serendipity. J’ai toujours pensé que son titre original racontait bien mieux l’esprit du film que sa version française. Serendipity, c’est ce mot insaisissable qui évoque le hasard heureux, les rencontres qui n’ont l’air de rien et qui pourtant redessinent une vie.

Serendipity et le New York de 1994–2001

En le revoyant, j’ai été frappé par ce qu’il raconte d’un New York disparu. Le film se déroule entre 1994 et 2001, une période charnière. Avant l’explosion du numérique. Avant la frénésie des smartphones. Et avant le bouleversement de 2001. C’est une ville qui avançait vite, bien sûr, mais pas à la vitesse d’aujourd’hui.

On y croise des cabines téléphoniques à chaque coin de rue, encore indispensables. On paie en liquide, sans hésiter. Et on lit le journal dans le métro, large feuille déployée comme un rituel du matin. Et surtout, on traverse Manhattan au rythme des taxis jaunes qui sillonnent les avenues comme un symbole vivant de la ville. Dans Serendipity, tout cela forme un décor à la fois simple et chaleureux, presque nostalgique. On sent une forme de lenteur cachée derrière le mouvement permanent, un espace où le hasard peut encore se glisser.

Un New York romantique, avant l’ère numérique

Central Park sous la neige, la patinoire qui devient un décor presque irréel, les vitrines illuminées pour Noël… Le film traverse Manhattan avec une douceur qui contraste avec la réputation de la ville. Le hasard y a encore toute sa place. Les rues semblent faites pour provoquer des rencontres plutôt que pour les éviter.

C’est peut-être pour cela que Serendipity fonctionne si bien : il montre une Amérique encore légère, encore confiante. Une époque où la comédie romantique servait de miroir. On croyait au destin, à la synchronicité, à l’idée que les choses finissaient par s’arranger. Les personnages du film ne résistent pas au hasard : ils l’acceptent, ils le provoquent presque. Et le spectateur suit ce jeu d’échos, de signes et de rendez-vous manqués avec un sourire un peu rêveur. Et un peu de frustration.

Image tirée du film Serendipity (2001), © Miramax Films.
Image tirée du film Serendipity (2001), © Miramax Films.

Ce que Serendipity dit de la culture américaine

Le film révèle cette manière très américaine de considérer le destin : non pas comme une fatalité, mais comme une opportunité. Là où d’autres cultures valorisent la prudence, celle-ci encourage l’élan. On ose, on tente, on espère. Et si l’univers joue un rôle là-dedans, tant mieux.

Dans Serendipity, le hasard n’est pas un obstacle mais une force. C’est une vision optimiste du monde, typique de cette Amérique de la fin des années 90. Un pays qui croyait encore, sincèrement, que les bonnes surprises étaient possibles.

De Serendipity à mon voyage à New York

En terminant le film (une nouvelle fois), j’ai repensé à mon propre séjour à New York, fin octobre et début novembre. La ville reste fascinante, évidemment, mais elle a changé. Aujourd’hui, les passants marchent vite, les yeux vissés sur leur smartphone. Les AirPods isolent chacun dans une bulle sonore. On se croise sans se regarder. On se frôle sans vraiment exister les uns pour les autres. Le hasard est toujours là, quelque part, mais il doit se battre contre les écrans et les notifications.

C’est peut-être pour cela que Serendipity m’a touché à nouveau. Il montre un New York où l’on prenait encore le temps de lever les yeux, de se laisser surprendre, d’échanger un regard dans une foule. Une ville immense, oui, mais où les micro-moments avaient encore une chance d’advenir. En cette saison de Noël, ce rappel fait du bien. Et je crois que c’est pour ça que j’aime tant revoir ce film : parce qu’il nous souffle doucement que le hasard peut encore faire des merveilles… à condition de lui laisser un peu d’espace.

Image tirée du film Serendipity (2001), © Miramax Films.
Image tirée du film Serendipity (2001), © Miramax Films.