Aller au contenu

Direction San Francisco : le plus long 7 mai de notre vie

  • par
Un vieux pick up Ford tient compagnie à des voitures plus récentes sur le bas côté...

Si notre avion ne décolle que le mardi 7 mai à 9h10, nos vacances commencent la veille. Nous profitons ainsi de la journée du lundi pour terminer les préparatifs et boucler les valises. Demain, direction San Francisco !

Le temps est au beau fixe en ce début du mois de mai. Nous nous imposons un peu de repos durant l’après-midi, en vue du voyage qui nous attend. J’en profite pour déconnecter complètement de mon activité professionnelle. Pour cela, je regarde quelques chaînes YouTube, histoire de mettre mon cerveau en pause. Le soir, nous allons manger chez mes parents ce qui nous permet de passer du temps avec les filles avant de partir.

Départ matinal en direction de San Francisco

Mardi, lorsque le réveil sonne et nous sort d’une courte torpeur nocturne, il est seulement 3h20 du matin. Même si nous nous sommes couchés (très) tôt, il est encore beaucoup trop tôt ! L’excitation du départ prend toutefois rapidement le dessus. Je suis prêt en quelques minutes seulement, Sarah met un peu plus de temps… Mais je l’avais anticipé et j’en profite pour dire au revoir à mon chat :). Ma montre affiche 4h00 lorsque nous montons dans la voiture en direction de Genève, en Suisse. 

Arrivée à l’aéroport de Genève, en Suisse

En moins de deux heures, nous rejoignons la commune de Ferney-Voltaire. C’est là que nous avons réservé un emplacement de parking en sous-sol, via la plateforme ZenPark. L’accès se fait difficilement et la porte qui aurait dû nous laisser entrer dans le bâtiment refuse d’abord de s’ouvrir. Pas de panique, nous avons un peu d’avance, tout finira par rentrer dans l’ordre. 

Effectivement, nous laissons la voiture en espérant la retrouver dans le même état. Nous n’avons jamais utilisé cette plateforme auparavant et notre degré de confiance n’est pas au maximum. La transaction, pour deux semaines, nous aura coûté une centaine d’euros et nous aura évité de payer le parking de l’aéroport de Genève dont la facture se serait élevée à près de 500 francs suisses.

En cette heure matinale où il fait encore frais, les rues sont encore désertes. Nous prenons un bus qui nous emmène directement à l’aéroport. C’est bien pratique. Il nous reste à enregistrer nos bagages et en profitons pour prendre un petit-déjeuner. Ensuite, c’est l’heure de passer les contrôles.

Direction San Francisco… avec deux avions

Notre vol vers les États-Unis se fera en deux étapes. Tout d’abord, ce premier vol SWISS INTERNATIONAL AIR LINES LH 5749 nous emmènera à Munich, en Allemagne. Nous arriverons là-bas aux alentours de 10h20. Ensuite, le vol UNITED AIRLINES LH 7995 nous conduira à l’aéroport international de San Francisco (SFO). Nous devrions atterrir à 14:30, heure locale.

Premier vol vers Munich et changement de places

Ce premier vol ne se fait pas sans surprise. L’avion est loin d’être rempli, Sarah et moi sommes installés du côté droit de la carlingue tandis qu’une jeune allemande se trouve de l’autre côté de notre rangée. Celle-ci est au téléphone depuis que nous sommes montés dans l’avion… Elle raccrochera seulement lorsque nous aurons atteint notre altitude de croisière. 

Je me plonge dans le roman écrit par Michael Connelly intitulé « Two Kinds of Truth » que j’ai apporté avec moi. Arrivés à Munich, nous n’avons que peu de temps sur place avant d’attraper notre correspondance. Comme Sarah me l’a fait remarqué, nous ne serons pas à côté pour notre prochain vol. Nous parvenons in extremis à faire changer nos billets. Heureusement, car quand on sait que plus de onze heures de vol nous attendent, c’est quand même plus sympa de pouvoir être assis côte à côte. 

Interrogatoire

Alors que sommes dans la file d’attente de notre terminal, du côté d’United Airlines, une femme des forces de l’ordre me prend à part. Je ne comprends d’abord pas ce qu’il se passe. Elle me pose une série de questions sur un ton peu amène sur ma relation avec Sarah et mon voyage : 

« Comment vous connaissez-vous l’un l’autre ? D’où venez-vous aujourd’hui ? Où vivez-vous ? Où allez-vous ? Qu’allez-vous faire aux USA ? Combien de temps ? Avez-vous loué une voiture sur place ? Quelle compagnie de location ? Combien de bagages avez-vous en soute ? Qui a eu accès à cette valise ? Et vos sacs à dos ? ».

Un peu dérouté, je n’avais encore jamais vécu une telle expérience à l’aéroport de départ. Et encore moins au cours d’une correspondance… En répondant honnêtement, je parviens toutefois à garder mon calme. Je ne m’en aperçois pas, mais Sarah est elle aussi isolée pour subir le même traitement. Nos réponses sont vraisemblablement cohérentes et acceptées par les agents puisque nous sommes autorisés à embarquer.

Second vol en direction de San Francisco

Une technologie que je ne connaissais pas

Contrairement à notre vol précédent, cet avion semble complet. L’équipage nous sert à manger en quantité ! Nous commençons avec un apéritif ainsi qu’une boisson, puis un plat chaud végétarien (pour ma part). Une glace en guise de dessert vient compléter le repas. Enfin, un snack nous est également offert peu de temps après.

Un élément de cet avion attire notre attention : ce sont les hublots. Ils sont teintés à l’aide d’un variateur permettant à l’équipage d’appliquer une teinte sur les hublots de l’avion. Cela permet d’assombrir progressivement les vitres de l’avion. Ici, il n’y a pas de volets blancs à fermeture manuelle comme nous en voyons souvent. C’est simplement un mécanisme, géré de manière générale par l’équipage. Néanmoins, chacun peut faire varier la teinte de son hublot individuel, selon ses envies. Pendant une grande partie de vol, les vitres restent teintées au maximum pour simuler la nuit. En effet, en Californie, il est l’heure de dormir. Cela permet ainsi de mieux absorber les effets du jet-lag. Arrivés sur place, nous nous sentirons moins fatigués que d’habitude pour ce type de voyage long-courrier. Ça a donc l’air de fonctionner !

Hector

Pour ce vol en direction de San Francisco, Sarah est assise à ma droite, contre un hublot. À ma gauche, c’est un homme d’une soixantaine d’années portant la moustache et une casquette. Comme souvent dans ce genre de situations — où vous êtes supposé passer plusieurs heures à côté de quelqu’un que vous ne connaissez pas — nous échangeons quelques banalités. Nous ne nous contentons toutefois pas de quelques small-talks et j’apprends plusieurs choses sur lui. Il se prénomme Hector et fait le voyage avec trois de ses proches, situés sur les sièges regroupés au centre de l’allée.

Cet homme m’explique qu’il vit à San Diego, en Californie avec sa famille et qu’il est originaire des Philippines. Il m’indique aussi qu’il connaît quelques mots de français tels que « comment ça va ? », appris à Tunis où il a travaillé plusieurs mois en tant qu’infirmier. Il aime voyager et a déjà eu l’occasion de visiter l’Arabie Saoudite, de nombreux pays d’Asie et quelques-uns en Europe. Aujourd’hui, il rentre d’un voyage d’une dizaine de jours en République tchèque et en Autriche. Il aurait aimé visiter Paris et quelques pays scandinaves, notamment la Norvège, mais le temps lui manque pour cette fois-ci. Il reviendra en Europe une autre fois pour explorer cette partie qui l’inspire tout particulièrement.

Hector me fait la remarque que je suis très mince (« slim ») par rapport à lui qui se considère en surpoids (« overweight »). Je garderais longtemps le souvenir de cette conversation, aussi brève fut-elle, avec cet homme qui, à peine assis, m’a spontanément serré la main pour se présenter. Comme on le dit souvent, un voyage c’est aussi des rencontres, et Hector est la première personne de la liste pour ce séjour. 

Quelques films

Les longs trajets comme celui-ci sont aussi bien souvent l’occasion de découvrir ou revoir des films sur le petit écran incrusté dans l’appui-tête du siège devant nous. Ayant deux enfants en bas âge et n’allant plus au cinéma autant que je le faisais auparavant, je profite de l’occasion pour rattraper un peu du retard accumulé.

Je commence avec un film qui ne m’avait pas beaucoup attiré jusque-là mais qui m’a finalement bien plu une fois terminé : Venom. Celui-ci met en scène un journaliste sur le déclin qui se retrouve lié à une créature venue d’ailleurs avec la ferme intention de protéger la planète Terre d’autres aliens.

Ensuite, je me plonge dans un film que j’avais manqué lorsqu’il était sorti au cinéma mais que j’aurais souhaité voir : First man. Il s’agit d’une fiction qui revient sur la vie de Neil Armstrong durant la conquête spatiale, un sujet qui m’intéresse beaucoup. Je trouve le film bouleversant, dans le bon sens du terme.

Enfin, le troisième et dernier film que je choisi de regarder n’est autre que John Wick 2. Je n’avais pas encore eu l’occasion de le voir, bien que j’avais trouvé le premier très bon. Celui-ci est fidèle au précédent opus mais aussi extrêmement violent. Et plus le temps passe, moins j’apprécie cette violence à outrance que l’on retrouve pourtant dans de très bonnes productions.

Atterrissage à SFO : nous voilà en Californie !

Après la discussion avec Hector et les trois films, l’avion finit par atterrir à San Francisco. Ça y est, nous avons rejoint la Californie ! C’est le moment de descendre, se dégourdir les jambes et surtout patienter dans la (très) longue file d’attente pour les douanes.

Ainsi, après avoir passé une bonne heure à remplir l’ESTA depuis la France il y a quelques semaines, répondu à des questions quelque peu intrusives à l’aéroport de Munich avec Sarah lorsque nous sommes passés du côté d’United Airlines pour prendre notre correspondance, dépensé un peu de temps dans l’avion pour donner les mêmes informations fournies sur l’ESTA sur un autre bout de papier fourni par United, il nous faut encore répondre aux mêmes questions sur un ordinateur qui nous prend en photo et, ensuite,… patienter… plus d’une heure pour se faire contrôler par un « inspecteur » qui valide notre passeport.

Nous pouvons récupérer notre valise qui nous attend sagement à côté des tapis roulant. Évidemment, ce moment du voyage n’est jamais une partie de plaisir, surtout après quelque douze heures de vol, une journée à rallonge, et quand l’aéroport de destination — ici SFO — est en cours de rénovation, mais c’est le prix à payer pour mettre les pieds sur le sol de la première puissance mondiale.

L’air « frais » de Californie

Nous finissons par sortir de l’aéroport et pouvons ainsi prendre une bonne bouffée d’air, bien méritée, qui n’a ainsi plus rien à voir avec l’air sec et recyclé de l’avion ou l’ambiance oppressante des terminaux. Certes, nous avons mis les pieds dehors et pouvons respirer de l’air — un peu plus — pur, mais nous sommes toujours cernés par le bitume. Nous profitons d’un beau soleil tandis que le vent frais, typique de mes visites de Frisco, est au rendez-vous. La sensation est très agréable, surtout après tout ce temps passé immobilisé dans l’avion puis debout dans les files d’attente de l’aéroport. Nous rejoignons le mini-van supposé nous emmener à notre AirBnB situé à Daly City, une municipalité au sud-ouest de San Francisco.

Arrivés à Daly City

Sur la route, j’aperçois ma première Mustang du voyage (une génération 5, phase 2, bleue foncée et arborant les logos GT), puis rapidement une seconde (génération 4, début des années 2000, blanche) et encore une (modèle 2012 GT, bleue foncée et customisée). La circulation est fluide uniquement grâce au nombre considérable de voies qu’offre cette portion de route dessinée dans le paysage urbain, les voitures sont nombreuses à circuler et toutes les voies sont occupées.

Nous arrivons finalement à notre AirBnB et saluons celui qui semble être notre hôte, occupé à bricoler son auto. Nous composons le code nécessaire pour entrer dans la maison et nous montons poser nos valises dans la chambre. Le temps de découvrir ce nouvel environnement, de prendre une douche et de rédiger quelques lignes sur le blog que j’alimente pour la famille, il est déjà 2h00 du matin en France. Je ferme l’ordinateur lorsque Sarah sort de la salle de bain et nous partons nous balader aux alentours et chercher un endroit sympa pour ce premier repas américain. 

À la recherche d’un diner américain à Daly City

Bon, il faut l’avouer, les diners américains comme on les aime ne sont pas légion autour de notre AirBnB. Toutefois, un restaurant situé à 2,3 km (1.5 mile) de là semble nous convenir à tous les deux. Ce n’est pas à côté et ça va nous permettre (ou plutôt “nous imposer” dans l’esprit de Sarah) de marcher un peu avant et après le dîner. L’occasion pour moi de voir une Ford Mustang bleue de 1966, comme la mienne, puis bien d’autres et notamment des Mustang de quatrième génération (peu courantes en France) conduites par des mères de familles (encore moins fréquent dans notre pays). 

The Boulevard Café

Finalement, nous arrivons au croisement entre John Daly Boulevard et Poncetta Drive où nous apercevons The Boulevard Café, le restaurant que nous sommes venus trouver. Il s’avère finalement typique et à l’image de ce que l’on aurait pu espérer de mieux pour ce premier repas. Dès que l’on franchit la porte d’entrée de l’établissement, on sent l’air conditionné frapper la peau de nos bras. À l’intérieur, nous sommes les seuls voyageurs. Autour de nous, une famille, deux anciens coiffés de beaux chapeaux de cow-boys et quelques couples ici et là. C’est aussi l’Amérique sans touristes ! Les plus petites tables permettent d’accueillir au minimum quatre personnes et chaque table est bien séparée de celle d’à côté. C’est un restaurant comme je les aime ! Un restaurant spacieux, un accueil chaleureux et des effluves de la cuisine qui pénètrent amplement nos narines. C’est génial ! 

De bons petits plats

À l’image de ce que nous avons pu lire sur le restaurant avant de sortir de notre AirBnB, l’établissement est ouvert depuis 2005. La carte propose un large choix de plats préparés sur place et à partir de produits frais. Nous y retrouvons notamment un certain nombre d’entrées et de salades, des sandwiches, des burgers, des plats à base de pâtes en plus des menus enfants et plats du jour. Le choix est si vaste qu’il est difficile d’arbitrer.

Par chance, la carte des burgers n’est pas longue comme le bras et Sarah, qui a souvent beaucoup de mal à choisir — et à ne pas changer d’avis — met un peu plus de temps que moi pour se décider. Finalement, elle s’oriente sur un burger « all american » tandis que j’opte pour un plat de « mac & cheese ». Le plat de Sarah est composé d’une demi-livre de viande, de tomates, oignons, cornichons, bacon, avocat et champignons tandis que le mien consiste en un mélange de pâtes, d’asiago et de mozzarella. Nous apprécions tous deux le réconfort qu’apporte ce bon repas après avoir traversé un océan. Nous profitons de l’instant, de la simplicité des lieux et du goût authentique des bons plats. 

Notre serveur Français

Ce premier repas restera indéniablement dans notre esprit bien des années après cette longue journée. Par ailleurs, notre serveur nous surprend en nous abordant directement en français, avec un bel accent américain. Nous avons été démasqués. Comme pour s’excuser de nous avoir découvert, il nous explique non seulement que ses parents sont d’origine française, mais aussi qu’il part vivre à Montpellier, en France cet été pour poursuivre ses études et rejoindre sa mère. Lorsque je lui demande d’où sont ses parents, sa réponse nous laisse bouche bée. Si sa mère est de Pau, son père, lui, est d’une petite ville nommée Villefranche-Sur-Saône « que vous ne connaissez probablement pas » nous dit-il. Lorsque je lui explique que c’est précisément là que nous habitons, il est aussi surpris que nous. Oui, le monde est sacrément petit ! Nous prenons, là-encore, beaucoup de plaisir à échanger avec lui.

Fin de cette (longue) journée

Sur cette belle coïncidence (notre seconde rencontre durant ce voyage), nous payons et faisons le mile et demi qu’il nous reste à marcher jusqu’à notre AirBnB. Il est 20 heures ici, soit 5 heures du matin en France.

Après ces deux vols en direction de San Francisco et un aperçu de Daly City, il est temps d’aller se coucher. Nous décidons donc d’aller dormir pour absorber encore un peu plus le jet-lag, et aussi car la journée de demain risque d’être riche en découvertes avec, pour commencer, une visite sur l’île d’Alcatraz réservée depuis quelques mois déjà. Cela fait presque cinq ans que je n’ai plus remis les pieds en Californie, et c’est avec beaucoup de satisfaction et de nouvelles valises (au sens propre comme au figuré) que je suis de retour, avec ma moitié cette fois-ci. Je n’ai nullement besoin de compter les nombreuses Mustang vues aujourd’hui pour m’endormir paisiblement dans cette région que j’affectionne particulièrement. Pendant ce temps, à plusieurs milliers de kilomètres de là, nos filles vont bientôt attaquer une nouvelle journée chez leurs grand-parents.