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Guillaume et son hardtop ’78

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La restauration de Guillaume est une histoire qui me touche particulièrement. D’abord parce qu’il s’agit du sauvetage d’une Mustang II – et peu consacrent du temps et de l’argent dans une II – mais également car j’ai suivi – en différé – cette renaissance durant mon premier congé paternité. À chaque fois que je me replonge dans cette aventure, c’est avec grand plaisir. Autant dire que lorsque Guillaume a accepté que je rédige ce billet, j’étais aux anges !

Un véritable challenge

En 2012, Guillaume, père de famille vivant en Dordogne, se lance dans un défi personnel. Il arrête de fumer et choisi de consacrer son budget cigarettes à une voiture passion : la Mustang. En effet, notre ami cherche une auto peu couteuse, avec un look sympa et qui lui permette non seulement de partir en vacances en famille mais aussi de se promener. Derrière cela, l’objectif est de s’occuper les mains, l’esprit et le portefeuille pendant le sevrage !

Les Mustang II font parti des séries les moins coûteuses du modèle. Son look particulier, peu présent en France, plait beaucoup à Guillaume. Le fait qu’elle soit assez peu chère à entretenir lorsqu’elle est équipée d’un moteur 4 cylindres et d’une boîte automatique répond bien au cahier des charges. D’ailleurs, comme le souligne notre ancien fumeur repenti, la voiture qu’il entreprend d’acheter est, comme nombre de bonnes vieilles américaines, équipée d’une boîte auto, d’une direction assistée et d’une climatisation, ce qui en fait une voiture bien en avance sur les européennes de cette époque !

Guillaume trouve rapidement sa perle rare. Il s’agit ici donc d’une Mustang II millésimée 1978 et dite hardtop (modèle coupé) de couleur Dark Midnight Blue (3A) avec intérieur vinyle couleur Chamois. Comme déjà évoqué, elle dispose d’une boîte à vitesses automatique et d’un moteur 4 cylindres.

 

 

Retour au bercail

L’achat se fait malgré quelques doutes : la voiture plait au fils de Guillaume, moins à sa femme, et notre ami craint un peu la charge de travail nécessaire à la remise en état du petit bolide. Il la trouve chouette, la croit encore noire – la couleur bleue est bien fatiguée ! – mais le moteur 4 cylindres joue en la faveur de l’auto : le budget essence et entretien s’en verra diminué. Évidemment, l’intérieur chamois, rapiécé avec de la toile cirée et du scotch semble également avoir fait son temps… Mais c’est décidé, le père et le fils rentrent avec la voiture. Quelques heures de route seront nécessaires pour ramener la belle au bercail.

Le trajet ne se fait pas sans peine. La voiture tressaute, la panne d’essence est proche. Un plein plus tard et c’est reparti. Atteignant difficilement les 60 kilomètres par heure dans les côtes, la Mustang monte péniblement à 110 sur l’autoroute. Guillaume remarque immédiatement une direction (hyper) assistée ! Le volant lui semble tourner dans le vide.

Notre père de famille est concentré à l’extrême, surveillant à la fois la route, l’état de la voiture, les différents bruits de part et d’autres. Il est inquiet : sur l’autoroute, avec son fils à bord, dans une voiture qu’il ne connaît pas… Son fils lui demande même pourquoi il n’est pas plus souriant ! Tandis que son papa lui explique ses craintes, ils se rendent tous deux compte que de la fumée d’échappement bleue entre dans l’habitacle par les aérations de la climatisation ! Ils continuent la route, fenêtres ouvertes, concentrés, jusqu’à rentrer à la maison. Là, Guillaume réalise enfin : il s’est acheté une Mustang II !!

Besoin d’attention

La Mustang est maintenant à la maison. Guillaume n’a alors aucune compétence en mécanique, en électricité ou encore en carrosserie. Vu l’ampleur du chantier, il décide de s’intéresser à ces domaines dont la maîtrise lui sera d’une grande aide.

Mécanique

Dans un premier temps, notre ami Dordognot rencontre surtout des problèmes mécaniques avec une avance à l’allumage mal réglée, des fuites, des courroies à changer et des durites bien fatiguées. Le carburateur est restauré puis remplacé par un Weber 38/38 400 CFM. Aussi, Guillaume retire la vanne EGR et le système anti-pollution d’époque. Il remplace également plusieurs pièces telles que la tête de Delco, les bougies, les câbles de bougies, etc.

L’échappement en place étant celui d’une Renault 21, Guillaume décide de le remplacer par un échappement digne d’une Mustang : un échappement « qui fait bro lolo » tel qu’un Flowmaster série 10. Après comparaison de plusieurs échappements (Cherry Bombs, Dynomax et Flowmaster), ce sont les silencieux Dynomax Super Turbo qu’il choisit avec une ligne 2″ ! Au moment du montage, pour des raisons techniques, la sortie de l’échappement est alors placée de côté. Également, le collecteur 4-en-1 en fonte d’origine est retiré pour placer un Hedelman 4-2-1.

Ensuite, Guillaume décide de remplacer carrément le moteur par un neuf, ré-usiné et venu tout droit des US. Il rencontre quelques soucis avec la livraison (en France) mais finit par l’installer correctement dans son logement après avoir nettoyé les pièces autour et le compartiment moteur ! Finalement, les silent blocs des bras avants et la crémaillère de direction assistée seront également changés.

 

Extérieur et carrosserie

Une mauvaise première expérience… En novembre 2012, Guillaume décide de remettre la carrosserie au propre, en conservant la couleur bleue, pas tout à fait à son goût, mais d’origine (et compatible avec la carte grise). Il envisage alors de poser des bandes et de refaire l’intérieur en noir / gris. En faisant le tour des carrossiers du coin, il prend peur : le premier commence par arracher carrément un morceau d’aile en expliquant que le châssis doit être pourrit ; le deuxième parle d’un chantier de 3-4 ans avec au moins 10 000 euros de budget ; le troisième tient le même discours que le précédent.

Début 2013, Guillaume parvient à trouver des jantes à son goût (Ansen Sprint en alluminium) sur Internet. Une fois livrées, il les restaure comme il se doit. Cette étape marque alors le début de la restauration extérieure ! Par ailleurs, un hood-scoop vient prendre place sur le capot, afin de mieux laisser respirer le moteur.

C’est en octobre que les choses sérieuses commencent ! En effet, Guillaume attaque la carrosserie à ce moment-là avec pose d’une nouvelle aile, réfection du pare-choc avant et front-gards, ponçage, mastique, […], ponçage, mastique, etc. C’est long, c’est fatiguant, mais ça paie ! En février 2014, notre ami attaque enfin la sous-couche pour… poncer de nouveau ! Puis vient ensuite le moment où la nouvelle peinture est appliquée ! J’écris nouvelle car Guillaume choisit une teinte Tangerine Orange qui existait en 1978, au catalogue Ford de l’époque. Nous sommes en avril 2014 et la Mustang est (presque) terminée après un an et huit mois de dur labeur ! Les jantes en 15″ chaussent désormais des pneus en 205/60 R15.

 

Intérieur

Concernant l’intérieur, c’est bien simple : notre ami remplace tout ! En premier lieu, il change le tableau de bord et la planche passager en fond Formica imitation bois par des fonds en aluminium. Il opte également pour un volant Grant qui vient prendre la place du vieux « volant en cuir poisseux ». C’est là un clin d’œil aux Mach 1 de l’époque qui arborent fièrement ce volant et ce fond aluminum. L’intérieur chamois, lui, laisse place à un autre bel intérieur noir avec piqures et surpiqures orange et aluminium.

 

Et maintenant ?

La restauration est terminée depuis 4 années maintenant. Guillaume a parcouru 25 000 kilomètres depuis la pose du nouveau moteur et consomme environ 11 litres au 100 km avec sa Mustang. Le moteur 4 cylindres Lima monte sans problème à 150 km/heures avec les 88 chevaux annoncés pour ce modèle. Cette couleur Tangerine va tellement bien à cette Mustang II qu’on dirait qu’elle a été créée pour elle ! Elle donne le sourire à tous ceux qui croise sa route, surement en raison de sa couleur Seventies et son bruit de bateau. C’est une voiture très agréable pour le road trip qui a beaucoup de succès et attire la sympathie.

Guillaume n’a jamais retouché une cigarette et se permet de très belles sorties sans inquiétude aucune. Initialement baptisée Nicorette, la Mustang a joué son rôle. Guillaume doit maintenant l’entretenir comme il se doit et lui trouver un nouveau nom. En 2017, elle a passé son contrôle technique haut la main avec un indicateur de pollution extrêmement faible, au point d’en étonner le contrôleur.

 

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