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Restauration d’une Mustang II à Los Angeles par un passionné français

La restauration d’une Mustang II à Los Angeles n’est pas une aventure ordinaire. Pour Jérémy, Français passionné de cinéma et de voitures anciennes, c’est l’histoire d’une renaissance mécanique qui s’entrelace avec son propre parcours de vie. Installé en Californie depuis plus de dix ans, il transforme une Mustang II Mach 1 de 1974 en projet de cœur, symbole de persévérance et d’American Dream.

La première passion : une Mustang Grande de 1973

Jérémy grandit entre Paris et Casablanca. Très tôt, les voyages forgent son ouverture au monde. L’Australie éveille son amour des V8, l’Inde lui apporte une autre expérience professionnelle. Mais un pays l’attire plus que tout : les États-Unis.

En 2009, il travaille encore dans l’animation en France, sans réussir à concrétiser ses projets. Un ami réalisateur l’invite alors à Los Angeles pour un tournage autour du Demolition Derby. Ce séjour le bouleverse. La lumière californienne, l’énergie créative, les rencontres dans la ville du cinéma… tout cela agit comme un déclic.

Avant de s’installer à Los Angeles, Jérémy possède en France une Ford Mustang Grande de 1973 équipée d’un 351 Cleveland CJ. C’est sa première véritable muscle car, un morceau de Detroit dans son garage. Mais pour financer son départ, il doit s’en séparer.

« Pour financer cette expérience, j’ai mis en vente ma Mustang Grande de 1973 avec 351 Cleveland CJ. Le temps de régler mes affaires, la vendre etc., je fus prêt à partir en janvier 2010 », raconte-t-il.

Cette séparation marque un tournant. La Mustang reste liée à ses choix de vie, et bientôt, une autre viendra sceller son histoire américaine.

Hollywood, galères dorées et premières réussite

Arrivé à Los Angeles, Jérémy découvre la dure réalité des débuts dans le cinéma. Peu de contacts, pas de réseau, un visa qui expire. Pourtant, il persévère.

Il réalise ses premiers courts-métrages, tourne des clips, dort parfois sur des canapés de fortune. Sa carrière décolle réellement lorsqu’un studio lui confie une séquence animée et des effets spéciaux pour un long-métrage avec Amber Heard (elle-même propriétaire d’une Mustang). Le précieux visa est obtenu.

Dès lors, Jérémy enchaîne projets et collaborations, de Silverlake à Venice Beach, tout en cultivant son goût pour les voitures américaines. Une Mercury Comet de 1976 devient même sa compagne de route du quotidien. Mais la Mustang continue de l’appeler…

Une nouvelle aventure mécanique avec la Mustang II

Nous sommes en 2020. La pandémie paralyse Hollywood. Les plateaux ferment, les projets s’arrêtent. Comme beaucoup, Jérémy cherche un nouveau souffle.

C’est alors qu’il tombe sur une annonce : une Mustang II Mach 1 de 1974, à vendre pour 2000 dollars. Rare, souvent moquée dans l’histoire des Mustang, la Mustang II n’a pas la réputation d’une fastback des sixties. Mais Jérémy y voit autre chose : une page blanche, un projet personnel, l’occasion de renouer avec le rugissement d’un V8.

« J’avais besoin d’une raison de sortir, d’un projet qui me motive. Quand j’ai trouvé cette Mustang, j’ai su que je tenais quelque chose », confie-t-il.

Entre défis mécaniques et victoires techniques

En 1974, la Mustang II n’est pas censée recevoir de V8, sauf au Mexique. Pourtant, celle-ci en cache un : un 302ci monté quelques années plus tôt à partir d’un pick-up Ford F-100 de 1970. Malheureusement, le montage est bâclé.

Dès sa réception, la voiture crache une inquiétante fumée blanche. Jérémy démonte le bloc et découvre l’ampleur des dégâts : culasses endommagées, collecteur d’admission défectueux.

Il s’attaque alors aux bases :

  • Changement du pont arrière, remplaçant le rapport 3.55 par un plus court, mieux adapté à la route.
  • Passage en jantes 15 pouces, pour réduire le régime moteur et améliorer la stabilité.
  • Électricité : reprise du faisceau, réparation de l’allume-cigare et remise en fonction du tableau de bord.
  • Carrosserie : acquisition d’un haillon arrière en bon état (qu’il n’a finalement jamais installé).

Chaque victoire mécanique en appelle une autre. La transmission lâche ? Il la dépose et la fait reconstruire dans un atelier local. La voiture chauffe dans les embouteillages ? Il installe un radiateur aluminium deux corps. L’échappement manque de souffle ? Il change les silencieux pour libérer le V8 et ajoute des persiennes sur le capot.

Travailler de ses propres mains, chercher des solutions, apprendre sur le tas… la Mustang II devient son école de mécanique et un exutoire face aux incertitudes de la pandémie.

Le nouveau V8 et la renaissance de la Mustang II

Dans cette aventure, Jérémy n’est pas seul. Sa compagne Heather, une Américaine passionnée de muscle cars, penche plutôt pour les Camaro et Chevelle de 68-69. Ensemble, ils roulent sur l’Angeles Crest Highway, profitant des paysages californiens au volant de la Mustang II.

Un jour, un bruit étrange brise l’harmonie. Diagnostic : pistons et segments usés, le moteur rend les armes. Loin de se décourager, Jérémy se remet aussitôt à l’ouvrage.

En octobre 2023, il passe un cap. Il met la main sur un bloc V8 302ci alésé à 0,60 et décide de le transformer en moteur haute performance. Au programme :

  • culasses aluminium Edelbrock Performers,
  • arbre à cames à haut rendement,
  • pipe d’admission double plan Weyand Street Warrior,
  • carburateur Holley 4160 650 cfm,
  • culbuteurs à rouleaux, tiges de poussée renforcées,
  • boulons ARP et accessoires neufs.

Les semaines passent, les pièces s’empilent, le budget grimpe. Jérémy assemble avec patience, parfois découragé par la complexité du montage. Puis vient le premier week-end de janvier 2024. Heather est à ses côtés. Ils vérifient une dernière fois les branchements, retiennent leur souffle, et tournent la clé.

Le moteur tousse, hésite, puis s’ébroue. Le garage se remplit du grondement rauque du V8, plus puissant, plus vibrant que jamais. Les vibrations secouent la carrosserie, l’odeur d’essence envahit l’air. Heather sourit, Jérémy ferme les yeux un instant : la Mustang II vit à nouveau.

« Quand le moteur a rugi, j’ai eu l’impression que tout prenait enfin sens. Des mois de doutes, de galères, et là… la récompense. »

Dernière évolution : refroidissement et nouveau look

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En pleine chaleur californienne, un nouveau problème apparaît : le radiateur, avancé au maximum, se retrouve à seulement quelques centimètres du pare-chocs. Résultat : le flux d’air est bloqué par la prise d’air d’origine, et la température grimpe vite, surtout quand il fait plus de 110°F.

Pour résoudre cela, Jérémy installe un nouveau tablier (R-Apron) en remplacement. Désormais, l’air circule parfaitement, le refroidissement est enfin maîtrisé, et la Mustang arbore en prime un nouveau look, plus agressif et plus personnel.

Une Mustang II restaurée à Los Angeles par un Français

Aujourd’hui, la restauration de la Mustang II à Los Angeles de Jérémy n’est plus seulement une histoire de mécanique. C’est le témoignage d’une passion qui traverse les continents, d’une persévérance face aux obstacles et d’un amour indéfectible pour la culture automobile américaine. Cette Mach 1 de 1974 incarne à la fois une revanche et un symbole. Une revanche pour un modèle souvent sous-estimé, et un symbole pour son propriétaire qui a su réinventer son rêve américain.

Aujourd’hui, Jérémy profite de sa Mustang II sur les routes californiennes. Ce modèle longtemps mal aimé retrouve grâce à son travail une seconde jeunesse. Pour un Français qui a tout quitté pour tenter sa chance à Los Angeles, ce projet n’est pas seulement mécanique : c’est l’illustration d’un rêve américain à sa manière, forgé dans la patience, la passion et la ténacité.

Si vous passez un jour dans la Cité des Anges, ouvrez l’œil : peut-être croiserez-vous Jérémy et sa Mustang II, filant sur les routes californiennes au son d’un V8 libéré.

Quelques photos de la restauration et de la Mustang aujourd’hui